Le 29 novembre, le Président Sarkozy a effectué son huitième déplacement de l’année sur le thème de l’agriculture. Accompagné de son ministre de l’agriculture Bruno Le Maire et de sa ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, il s’est rendu dans le Gers pour rencontrer des céréaliers, des éleveurs de bovins et de canards à foie gras. Après la traditionnelle visite des exploitations, s’en est suivie une table ronde sur les conditions de vie et de travail des agriculteurs. Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire y ont évoqué la PAC post 2013, avec à la clé une déclaration tonitruante : « Votre budget pour la PAC est maintenu après 2013 » ! Est-ce une manière de forcer le destin à l’approche des échéances électorales du printemps prochain ?
Un budget de la PAC maintenu … avant toute négociation ?
Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire ont rappelé la pression exercée par la France – « un fameux combat » – pour maintenir un budget fort de la PAC. Comme l’écrit le site de la Présidence de la République : « C’est chose faite, puisque la Commission a présenté le 12 octobre 2011 des propositions pour la PAC de l’après 2013, basées sur un maintien des crédits de la PAC en euros courants. ». Dans la vidéo de la table ronde avec les représentants agricoles, le ministre de l’agriculture a même prédit l’avenir : « Vous avez une sécurité, votre budget est maintenu à l’euro près pour 2014-2020. Ce n’est pas une mince victoire qu’on a obtenu« .
Or même si les propositions législatives du Cadre Financier Pluriannuel déterminant le budget futur de la PAC annoncent un budget de 435,6 milliards d’euros sur la période 2014-2020, en euros constants et non indexé sur l’inflation, chacun sait que rien n’est encore décidé au niveau des Etats Membres, ni même négocié d’ailleurs ! Les discussions sur le paquet législatif ont à peine commencé. Celles-ci vont de plus avoir lieu dans un contexte de crise financière européenne encore jamais vu, de quoi changer la donne…
Par ailleurs, il est surprenant d’entendre que le ministre de l’agriculture destine encore ces aides européennes – €8,8 Mds en 2011-, issu de l’argent public, aux seuls agriculteurs. En effet cette politique européenne doit aujourd’hui être réformée pour encourager les agriculteurs à adopter des méthodes de production plus écologiques en apportant une alimentation saine via des systèmes agricoles respectueux des écosystèmes et des hommes qui en vivent. Elle est donc de fait une politique alimentaire destinée aux citoyens et consommateurs.
Suite au bilan de santé : « aujourd’hui, plus personne ne peut dire que la PAC est injuste »
Selon Bruno Le Maire, les mesures du bilan de santé de la PAC, menées en 2009 par son prédécesseur Michel Barnier, suffisent à légitimer la PAC d’aujourd’hui. Le milliard d’euros réorienté des systèmes céréaliers vers les élevages est, selon lui, le symbole d’une nouvelle justice au sein de la PAC. Toutefois le ministre reste silencieux sur les écarts d’aide au revenu qui subsistent, par exemple entre un agriculteur provençal qui touche en moyenne environ 7000 € d’aide au revenu, et son homologue du bassin parisien qui reçoit lui en moyenne, environ 38 000 €, et ce quelque soient le niveau des prix ou des revenus.
Enfin, le président et M. Le Maire ont réaffirmé leur « rejet complet » du verdissement en dénonçant de nouveau la complexité des mesures présentées par la Commission. Bruno Le Maire présente l’obligation des trois critères agri-environnementaux comme des « sanctions » incompréhensibles sur le fonds comme sur la forme (30% trop élevés, « ultra-complexe »…), en regrettant que ce ne soit pas de l’incitation.
Pourtant, c’est bien ce que sont ces mesures de verdissement : elles incitent à la mise en place de systèmes agricoles plus respectueux des écosystèmes par un soutien financier ciblé pour les agriculteurs qui les mettront en œuvre.
